Coup de froid sur l’économie : CMC : à peine 0,8% de croissance en 2020

L’économie nationale accusera bien le coup, sous l’effet conjugué des conditions climatiques défavorables et de la propagation au niveau mondial de la pandémie Covid-19.
Source : Le Matin
Posté Le : Lundi 6 avril 2020

Le Centre marocain de conjoncture évoque même le scénario d’une année blanche pour la croissance, en tablant sur un taux de 0,8% cette année. Une contre-performance économique qui devrait découler du recul de l’ensemble des secteurs.

L’économie nationale s’achemine-t-elle vers une année blanche ? Le Centre marocain de conjoncture (CMC) franchit le pas et ose l’évocation d’un tel scénario, en raison de l’effet conjugué des conditions climatiques défavorables et de la propagation au niveau mondial de la pandémie Covid-19. Il alimente, de ce fait, la valse des révisions des prévisions de croissance, en tablant sur le taux le plus bas avancé jusqu’ici. Pour le CMC, la croissance de l’économie nationale ne devrait, en effet, pas dépasser 0,8% cette année. Ce qui place l’évolution du PIB bien en deçà des prévisions des autres institutions. Le gouvernement tablait, dans la loi de Finances 2020, sur un taux de croissance du PIB de 3,7%. Le Haut Commissariat au Plan (HCP), qui avait annoncé en janvier un taux de croissance de 3,5% en 2020, prévoit de réviser nettement à la baisse sa prévision. Son patron, Ahmed Lahlimi, a indiqué, dans une déclaration à l’Agence américaine Bloomberg, il y a deux semaines, que le HCP prévoit de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour 2020 d’un tiers, pour passer de 3,5% à 2,2 ou 2,3%.

De même, Bank Al-Maghrib estime, à l’issue de la réunion trimestrielle de son Conseil tenue le 17 de ce mois de mars, que la croissance devrait stagner à 2,3%. Il a même prévenu que cette prévision reste entourée de fortes incertitudes et est sujette à une révision à la baisse si la propagation de la pandémie Covid-19 au niveau mondial n’est pas contenue à court terme. En ce qui concerne le CMC, il estime, dans son actuelle prévision, que la contre-performance économique qu’il pronostique «devrait découler du retrait de l’ensemble des secteurs sous les effets multiples déclenchés par la maladie du Covid19, de la psychose et de la perte de confiance en passant par les restrictions des déplacements et le confinement pour arriver au stade de l’état d’urgence sanitaire».

Si le secteur agricole affichait un repli de sa valeur ajoutée en volume d’environ 3% en raison des conditions climatiques «pernicieuses» enregistrées durant l’hiver, les autres secteurs pâtiraient des dégâts causés par le coronavirus à des degrés divers en accusant un ralentissement ou même une baisse de l’activité, expliquent les économistes du CMC. Le Centre ajoute que le secteur de l’hébergement et la restauration est parmi les activités les plus touchées, sa valeur ajoutée en termes réels devrait se replier d’environ 25% tant la reprise serait «lente et difficile». Idem pour les services de transport aussi bien aérien, ferroviaire que routier dont la valeur ajoutée globale stagnerait en variation annuelle.

Pour ce qui est de l’industrie extractive, il subirait, selon le CMC, l’impact de la contraction des marchés extérieurs résultant du mouvement dépressif de l’économie mondiale. Le rythme de sa croissance de ces services pour 2020 ralentirait et serait amputé de moitié comparativement avec celui de l’année écoulée qui serait de l’ordre de 5%, estime le CMC.

La contribution des activités des industries manufacturières resterait modeste et se situerait en deçà des 2% cette année, selon la même prévision. Le centre explique que certaines de ces activités peinent à trouver des marchés ou sont bloquées par manque d’approvisionnement en matière première et produits intermédiaires et d’autres sont complètement à l’arrêt comme la branche principale de l’industrie automobile.