Le
Centre marocain de conjoncture évoque même le scénario d’une année blanche pour
la croissance, en tablant sur un taux de 0,8% cette année. Une
contre-performance économique qui devrait découler du recul de l’ensemble des
secteurs.
L’économie
nationale s’achemine-t-elle vers une année blanche ? Le Centre marocain de
conjoncture (CMC) franchit le pas et ose l’évocation d’un tel scénario, en
raison de l’effet conjugué des conditions climatiques défavorables et de la
propagation au niveau mondial de la pandémie Covid-19. Il alimente, de ce fait,
la valse des révisions des prévisions de croissance, en tablant sur le taux le
plus bas avancé jusqu’ici. Pour le CMC, la croissance de l’économie nationale
ne devrait, en effet, pas dépasser 0,8% cette année. Ce qui place l’évolution
du PIB bien en deçà des prévisions des autres institutions. Le gouvernement
tablait, dans la loi de Finances 2020, sur un taux de croissance du PIB de
3,7%. Le Haut Commissariat au Plan (HCP), qui avait annoncé en janvier un taux
de croissance de 3,5% en 2020, prévoit de réviser nettement à la baisse sa
prévision. Son patron, Ahmed Lahlimi, a indiqué, dans une déclaration Ã
l’Agence américaine Bloomberg, il y a deux semaines, que le HCP prévoit de
revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour 2020 d’un tiers, pour
passer de 3,5% Ã 2,2 ou 2,3%.
De
même, Bank Al-Maghrib estime, à l’issue de la réunion trimestrielle de son
Conseil tenue le 17 de ce mois de mars, que la croissance devrait stagner Ã
2,3%. Il a même prévenu que cette prévision reste entourée de fortes
incertitudes et est sujette à une révision à la baisse si la propagation de la
pandémie Covid-19 au niveau mondial n’est pas contenue à court terme. En ce qui
concerne le CMC, il estime, dans son actuelle prévision, que la
contre-performance économique qu’il pronostique «devrait découler du retrait de
l’ensemble des secteurs sous les effets multiples déclenchés par la maladie du
Covid19, de la psychose et de la perte de confiance en passant par les
restrictions des déplacements et le confinement pour arriver au stade de l’état
d’urgence sanitaire».
Si
le secteur agricole affichait un repli de sa valeur ajoutée en volume d’environ
3% en raison des conditions climatiques «pernicieuses» enregistrées durant
l’hiver, les autres secteurs pâtiraient des dégâts causés par le coronavirus Ã
des degrés divers en accusant un ralentissement ou même une baisse de l’activité,
expliquent les économistes du CMC. Le Centre ajoute que le secteur de
l’hébergement et la restauration est parmi les activités les plus touchées, sa
valeur ajoutée en termes réels devrait se replier d’environ 25% tant la reprise
serait «lente et difficile». Idem pour les services de transport aussi bien
aérien, ferroviaire que routier dont la valeur ajoutée globale stagnerait en
variation annuelle.
Pour
ce qui est de l’industrie extractive, il subirait, selon le CMC, l’impact de la
contraction des marchés extérieurs résultant du mouvement dépressif de
l’économie mondiale. Le rythme de sa croissance de ces services pour 2020
ralentirait et serait amputé de moitié comparativement avec celui de l’année
écoulée qui serait de l’ordre de 5%, estime le CMC.
La
contribution des activités des industries manufacturières resterait modeste et
se situerait en deçà des 2% cette année, selon la même prévision. Le centre
explique que certaines de ces activités peinent à trouver des marchés ou sont
bloquées par manque d’approvisionnement en matière première et produits
intermédiaires et d’autres sont complètement à l’arrêt comme la branche
principale de l’industrie automobile.