Une alternative qui doit aller de
pair avec la mise en place d’un nouveau modèle de croissance. «Celui centré
principalement sur la demande intérieure a fini par montrer ses limites»,
constate le président du CMC.
L’épuisement graduel du potentiel de
croissance que présente un marché intérieur relativement exigu, à la fois par
sa taille et son pouvoir d’achat, impose une refonte des options stratégiques
adoptées jusqu’à présent. D’autant plus que le pays s’engage depuis 2010 dans
le cycle d’une croissance sous la barre de 3% après un niveau de plus de 4,5%
avant la crise de 2008.
Aujourd’hui, «le choix d’un modèle
de développement orienté vers l’export s’impose comme alternative la plus
adaptée au nouveau contexte d’ouverture et de globalisation de l’économie»,
s’accordent à dire les intervenants (institutionnels et opérateurs). Reste Ã
définir les modalités. Transformation structurelle, émergence d’une offre
exportable à forte valeur ajoutée, diversification des produits et des marchés
et innovation… les postulats du changement. Mais de l’avis du président du
Centre marocain de conjoncture, «la transformation structurelle représente une
véritable boîte à outils». Surtout que le secteur exportateur se distingue par
des faiblesses touchant à la fois les opérateurs et les biens exportés. Environ
80% des exportations sont réalisées par 5% des entreprises. Et près de 5.000
opérateurs s’activent à l’import contre 1.500 exportateurs. Au final, la part
marocaine du commerce mondial s’établit à 0,14% actuellement contre 0,11% il y
a une décennie.
Tout plaide donc pour aller plus
loin dans l’adaptation du cadre institutionnel. Dans l’objectif d’un
rééquilibrage de la balance des paiements mais aussi de la création des
richesses et de l’emploi. Or, la contribution des échanges à la croissance
reste marginale, avec un effet négatif sur l’emploi. Pour la plupart des 4.000
produits qu’exporte le Maroc, la valeur ajoutée s’opère à l’extérieur. C’est
pour ces raisons que le pays doit s’engager, plus que jamais, dans un effort
d’industrialisation, relève El Malki. Aujourd’hui, le PIB du secteur industriel
peine à franchir la barre de 14% contre 24% il y a deux décennies.
Sur ce chapitre, le Plan
d’accélération industrielle a donné des résultats encourageants,
particulièrement dans des secteurs porteurs de nouvelles dynamiques. «C’est la
voie à suivre pour la restructuration de l’économie et la diversification des
produits et des marchés», suggèrent certains intervenants. Ceci à la condition
de mobiliser l’investissement aussi bien d’origine locale qu’extérieure.
Pour Brahim Benjelloun Touimi,
administrateur-directeur général exécutif de BMCE Bank Of Africa, «l’urgence de
renforcer l’insertion du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales n’est plus
à souligner». Et «l’industrialisation est au cœur de cette insertion». A ses
yeux, le Maroc se doit de renforcer ses investissements dans l’industrie propre
et l’économie verte. Et ce n’est pas «un choix de partis politiques
écologistes, c’est le bon sens des citoyens du monde», a-t-il martelé. D’autant
plus que le pays a la chance de choisir de bons partenaires pour s’inscrire
dans cette dynamique d’investissement dans les services distants notamment,
l’internet des objets, la robotique et le digital.
A cet égard, il a appelé à soutenir
les sociétés technologiques afin qu’elles puissent œuvrer à la digitalisation
de ce secteur de l’économie marocaine et de celle de l’Afrique.
L’orientation est saluée par le
président de l’Association marocaine des exportateurs (Asmex), Hassan Sentissi.
Tout en précisant que les opérateurs veulent une fiscalité «favorable et
simplifiée pour l’investissement dans les métiers de l’export». Mieux, c’est la
seule voie pour la résorption du déficit commercial», avance Sentissi.
En attendant, il est temps de déployer le
statut de l’exportateur indirect et de généraliser la préférence nationale et
régionale dans les marchés publics et les partenariats privé-public pour les
produits et services marocains, a-t-il plaidé. M. Sentissi, qui a relevé
plusieurs faiblesses du commerce extérieur marocain, a également appelé à la
mise en place de mécanismes de financement et de garantie spécifiques en vue de
couvrir les risques et accompagner les exportateurs. Allant jusqu’à revendiquer
la mise en place du système de préfinancement des exportations disparu depuis
la privatisation de la Banque du commerce extérieur. Mieux, il recommande le
déploiement d’un dispositif «de régulation des exportations de produits bruts
afin de les transformer localement et de primer les performances à l’export».
Sans oublier l’encouragement de la recherche/développement via des crédits
d’impôt. Toujours est-il que ce sont, entre autres, les requêtes adressées par
l’Asmex au ministère de l’Industrie qui est en phase d’élaboration d’une
nouvelle stratégie de l’export.
De son côté, le président de la Commission du
commerce extérieur et accords commerciaux de la CGEM, El Aid Mahsoussi, estime
que l’économie devrait se diversifier. «Sans cette diversification, la
vulnérabilité du tissu économique devrait s’aggraver», a-t-il fait remarquer.